Argumentaires

Le Conseil général a approuvé le 12 décembre 2024 le projet de «modification partielle du plan d’affectation des zones (PAZ) et du règlement communal des construction et des zones (RCCZ), un plan d’aménagement détaillé (PAD) et son règlement pour la mise en conformité de la carrière des Râpes à St-Maurice».

Si cette base réglementaire entrait en vigueur, la société IMPLENIA SUISSE SA, de siège à Optikon(ZH) pourrait solliciter une autorisation dexploiter, en amont de la cavité créée en son pied et sur une hauteur de 200 mètres, la falaise peu à peu renaturée depuis la cessation d’activité de la cimenterie il y a plus de trente ans. Elle pourrait en extraire durant quinze ans plus d’un million de m3 de matériaux rocheux, les traiter et simultanément combler cette cavité en y déposant des matériaux non polluants (plus de 2 millions de m3 durant une période de 30 ans).

Convaincus que si l’adoption d’une base légale destinée à la création d’un secteur « comblement de matériaux de type A » ainsi qu’au réaménagement du site après son exploitation est tout à fait judicieuse, nous citoyennes, citoyens, anciens élus, lançons un référendum contre cette décision dans la mesure où elle permet aussi la réouverture d’un secteur « extraction et traitement de matériaux » : en clair une carrière.

Avec des désagréments environnementaux et paysagers qui viendront s’ajouter notamment pour les habitants des Cases, de la rive gauche du Mauvoisin, avenues de la Borette et de Vérolliez compris ainsi que du secteur d’Epinassey, au bourdonnement de l’autoroute à travers le Bois-Noir et aux nuisances sonores de la place de tir de Vérolliez. L’enlaidissement paysager sera aussi sensible pour tous les habitants de la plaine de St-Maurice.

Vu l’impact négatif de cette décision sur l’aménagement du territoire agaunois, la qualité de vie et la biodiversité-qui a repris ses quartiers dans la falaise-, nous sommes d’avis que le corps électoral dans son ensemble doit pouvoir se prononcer sur cet objet et non seulement l’Assemblée primaire des Bourgeoisies de St-Maurice (59 oui, 41 non, 3 abstentions) et Mex en tant que propriétaires des terrains concernés et du Conseil général.

Tel est l’objectif de notre démarche.

Signez donc la demande de référendum qui aura le mérite de susciter un débat public sur un sujet qui va impacter le territoire communal et ses habitants durant une période de plus de trente ans !

Synthèse des motifs avancés par les opposants à la mise à l’enquête publique de la carrière du 14 octobre 2022

Outre sur des questions d’ordre formel, les oppositions formulées lors de la mise à l’enquête publique du projet -dont quarante-trois ont été maintenues après les séances de conciliation- portent notamment et en substance sur les motifs suivants :

  • une « tolérance d’exploitation » telle que celle sur laquelle s’active Implenia Suisse SA aujourd’hui n’étant pas une autorisation d’extraction au sens des art.119 lettre c et 76 du Règlement communal des constructions et de zones (RCCZ), il y a abus de langage à parler dans la mise à l’enquête d’une « mise en conformité de la carrière des Râpes » alors que légalement, il s’agit d’ouvrir une nouvelle carrière ;

  • l’exposition de la population alentour (secteurs d’Epinassey, des Cases, de la rive gauche du Mauvoisin etc) au bruit (zone à degré de sensibilité IV avec une valeur limite d’immission de jour de 70 db) ainsi que des bâtiments aux vibrations découlera nécessairement de l’exploitation de la carrière (minages et pistes d’accès aux zones d’extraction, concassage, transports) ; ces nuisances viendront s’ajouter à celles de la place d’exercice militaire de Vérolliez et au bourdonnement de la N9 dès l’entrée/sortie sud de la galerie couvert

  • la pollution de l’air consécutive aux poussières des minages, au « dévalage » et au concassage de pierres émanant de l’exploitation

  • la santé des riverains, non abordée dans le dossier mis à l’enquête

  • les dangers naturels (chutes de pierres) et la sécurisation du site pourtant situé en zone dangereuse

  • la justification du « besoin » pour l’extraction des matériaux ne répond ni à un intérêt public, ni à l’urgence

  • la durée d’exploitation de la falaise (15 ans) ne correspond pas à celle décidée par l’assemblée primaire de la Bourgeoisie de St-Maurice (10 ans) selon les procès verbaux des 25.04.2017 et 28.03.2018

  • la dépréciation potentielle des bâtiments alentour, notamment aux Cases et sur rive gauche du Mauvoisin

  • l’impact visuel négatif avec création d’une « blessure » dans la continuité de la falaise

  • le rendement insuffisant de la carrière pour la Commune municipale

  • les incohérences du dossier quant à la quantité de matériaux extraits

  • l’atteinte à la biodiversité et aux valeurs naturelles (faune et flore)

  • le défrichement, temporaire ou définitif, d’environ 5.5 ha, nuisible pour la faune et la flore

  • le fait que ce projet constituera un frein à l’arrivée de nouveaux habitants et de nouvelles entreprises

Par décision du 25 septembre 2024 et sur trente pages, le Conseil municipal a rejeté la totalité de ces oppositions, les considérant en substance comme non pertinentes en regard des « revenus économiques non négligeables du projet qui peuvent être escomptés pour la Commune… », à vrai dire…non pour la Commune municipale mais pour la seule Commune bourgeoisiale !